"Maintien"
(= Faire tomber)
de la règle de 500m par les députés de l'Assemblée Nationale
AMENDEMENT N°877 (Rect)
présenté par
M. Brottes et Mme Bareigts, rapporteure |
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ARTICLE 38 BIS BA
Rédiger ainsi cet article :
« La deuxième phrase du dernier alinéa de l’article L. 553‑1 du code de l’environnement est remplacée par trois phrases ainsi rédigées :
« La délivrance de l’autorisation d’exploiter est subordonnée au respect d’une distance d’éloignement entre les installations et les constructions à usage d’habitation, les immeubles habités et les zones destinées à l’habitation définies dans les documents d’urbanisme en vigueur à la date de publication de la même loi. Cette distance d’éloignement est spécifiée par arrêté préfectoral compte tenu de l’étude d’impacts prévue à l’article L. 122‑1. Elle est au minimum fixée à 500 mètres. »
EXPOSÉ SOMMAIRE
L’article 38 bis BA introduit par le Sénat fait écho aux fortes préoccupations, tout à fait légitimes, des riverains d’installations éoliennes, qui s’inquiètent de l’impact de ces installations sur leur santé et sur les paysages.
Cependant, le relèvement de la distance minimale d’implantation des éoliennes vis-à-vis des zones d’habitation de 500 à 1000 mètres ne peut constituer une solution proportionnée au problème. En effet, cette règle « aveugle » ne prend pas en compte les spécificités de chaque territoire, et réduit considérablement le potentiel de développement de l’éolien en France. Par exemple, en région Centre, avec le seuil actuel de 500 mètres, la surface pouvant accueillir un projet éolien représente 33 % de la surface totale régionale. Avec un seuil fixé à 1000 mètres, la surface résiduelle serait de 3 %, soit une division par dix. Le ratio serait quasi-identique en région Picardie (4,9 % contre 47 %).
A l’inverse d’une telle automaticité, le présent amendement vise à inscrire le principe d’une distance minimale accordée au cas par cas, par arrêté préfectoral, sur la base de l'étude d'impact.
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A l’inverse d’une telle automaticité, le présent amendement vise à inscrire le principe d’une distance minimale accordée au cas par cas, par arrêté préfectoral, sur la base de l'étude d'impact. ( Les études faites par des boîtes mafieux!)
= la volonté du gouvernment de la France d'ouvrir grande les portes à la corruption!
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LETTRE D'INFORMATION : 23 mai 2015 aux membres de la fédération Environnement Durable
En effet Une analyse plus attentive des
débats montre que les promoteurs éoliens sont loin d’ avoir obtenu
ce qu'ils souhaitaient et il le font savoir avec une vive inquiétude.
Eolien
:
les professionnels déplorent l'insécurité juridique liée à la nouvelle
règle des 500 mètres
http://www.romandie.com/news/Transition-energetique-la-filiere-eolienne-decue-de-la-nouvelle-lecture/596007.rom
Le texte des débats en séance est en ligne : En rouge des interventions à noter de Ségolène Royal. Il ne faudra pas manquer de lui rappeler ses propres interventions
Article 38 bis BA
M. le président. La parole est à M. Jean-Louis Bri cout, inscrit sur l’article.
M. Jean-Louis Bricout.
Je souhaite parler de l’acceptabilité sur mon territoire des projets éoliens. Le
sentiment d’inacceptabilité n’est pas uniforme sur l’ensemble des territoires,
mais le deviendra certainement au fil de l’implantation des projets.
Chez moi, en Picardie, dans
le département de l’Aisne – en Thiérache, pour être précis, pays bocager avec de
nombreuses églises fortifiées –, l’éolien est en grand développement : à peu
près 200 projets installés et presque le double en cours d’instruction.
On assiste à une course aux
ressources fiscales, qui heurte directement des projets de territoire. Dans un
territoire comme le mien, marqué par une identité visuelle forte – bocage,
églises fortifiées, je le disais – le mitage du territoire provoqué par un trop
grand nombre de projets éoliens met directement en cause les projets
touristiques. C’est toute l’identité d’un territoire qui se trouve bouleversée,
ce qui suscite la colère et l’exaspération de populations qui ont pourtant la
fibre écologique.
Nous vous proposerons de
revenir à un seuil d’éloignement de mille mètres, le temps que des projets se
réalisent à telle distance, quitte à revenir à cinq cents mètres si leur
acceptabilité est avérée.
M.
le président. Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 766
et 878.
La parole est à M. Denis
Baupin, pour soutenir l’amendement no 766.
M. Denis Baupin. L’intervention de notre collègue Bricout montre qu’il s’agit d’un sujet compliqué mettant en jeu des intérêts contradictoires. Nous savons tous cependant que si nous voulons réussir la transition énergétique nous avons besoin que les énergies renouvelables se développent. Dans cette perspective, le compromis qui existe depuis de nombreuses années d’une distance minimale de cinq cents mètres nous paraît le plus pertinent. C’est la raison pour laquelle nous avons modifié en commission la mesure qui avait été adoptée par le Sénat. Il nous semble cependant que le plus simple serait de supprimer cet article.
M. le président. La parole est à M. Jacques Krabal, pour soutenir l’amendement no 878.
M. Jacques Krabal. Il est défendu.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
Mme Ericka Bareigts, rapporteure. Avis défavorable, en faveur de la solution de compromis à laquelle nous sommes parvenus en commission.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Ségolène Royal, ministre. Défavorable à ces deux amendements.
M. le président. La parole est à M. Bertrand Pancher.
M.
Bertrand Pancher. Je ne suis pas favorable à ce qu’on modifie à nouveau le
seuil d’éloignement des éoliennes, d’autant que cela mettrait en péril des
projets en cours. En tout état de cause, fixer ainsi une distance d’un kilomètre
quel que soit le lieu, le sens du vent, etc, n’a pas de sens.
En revanche, je veux
déplorer une fois encore la suppression des zones de développement de l’éolien,
les ZDE. Cet excellent système permettait aux collectivités de se mettre
d’accord pour installer les mâts là où ils provoquaient le moins de nuisances.
L’anarchie du système actuel suscitera dans les territoires des oppositions
qu’il sera impossible de juguler.
Je me souviens que le
président Brottes avait justifié cette suppression par l’existence de plans
locaux d’urbanisme intercommunaux. Mais tant que les PLUI ne sont pas
obligatoires, chacun continue à défendre ses intérêts propres et quand des
collectivités ont mis en place un PLUI, c’est extrêmement compliqué pour elles.
Il existe de nombreuses
possibilités de simplifier la réglementation – on pourrait, par exemple, réduire
les délais en limitant les possibilités de recours. Il y a beaucoup de choses à
faire, mais actuellement le développement de l’éolien est trop anarchique pour
ne pas susciter un certain nombre d’inquiétudes.
M. le président. La parole est à M. Serge Janquin.
M. Serge Janquin. Monsieur le président, sommes-nous dans les interventions sur l’article ou avons-nous déjà commencé d’examiner les amendements ?
M. le président. Nous examinons des amendements de suppression, ce qui justifie qu’on parle de l’article en général.
M.
Serge Janquin. Je voudrais dans ce cas vous faire part de mon
expérience. J’ai eu l’occasion récemment de visiter les champs d’éoliennes du
nord et du sud de la Catalogne, où les règles sont à peu près les mêmes. Je peux
vous dire qu’il est impossible de rester durablement à cinq cents mètres de ces
éoliennes – Il est vrai que la tramontane, dont on dit qu’elle rend un peu fou,
soufflait fort le jour de ma visite.
Vous avez cet après-midi,
monsieur Baupin, à propos de l’article 14, souligné l’intérêt de se préoccuper
de la santé de nos citoyens vivant à proximité de corridors autoroutiers ou de
voies de TGV. Le même souci de la santé de nos concitoyens devrait prévaloir
dans ce cas aussi car réellement ce n’est pas supportable. La distance n’est
certes pas le seul facteur, mais il est tout à fait déterminant, et c’est
pourquoi je souhaite qu’on revienne à quelque chose de plus raisonnable. Un
seuil d’éloignement de mille mètres permettrait largement aux 20 000 projets
d’implantation d’éoliennes que vous évoquiez de voir le jour.
Je voudrais vous faire part
d’un autre cas tout aussi concret. Mon département, voisin de celui de mon
collègue de l’Aisne ici présent, connaît une véritable floraison de projets
d’installation, dont l’un est tout à fait singulier. Présenté par deux communes
rurales, il a été approuvé par le préfet. Les deux maires ont eu l’astuce de
repousser à la lisière de leurs communes leur projet d’implantation, de sorte
que leurs administrés n’en souffrent pas, au détriment de ceux de la commune
voisine, particulièrement exposés, mais l’installation étant prévue à 515 mètres
de cette commune, le préfet n’a pas eu à tenir compte de son avis.
Les articles de presse sont
aujourd’hui légion et les fourches sont sorties contre l’État, accusé de laisser
faire, et les avocats établissent déjà des demandes d’indemnisation de la perte
de valeur des logements en cause.
Je sais que c’est un
argument auquel vous êtes susceptible d’être sensible, madame la ministre :
plutôt que de nous laisser entraîner dans une situation de guerre civile, faute
d’avoir suffisamment réfléchi à l’incidence de nos décisions, il vaudrait mieux
avoir la sagesse d’agir avec précaution pour éviter les drames qui s’annoncent.
M. le président. La parole est à M. Jean-Louis Bricout.
M.
Jean-Louis Bricout.
Il est vrai, comme l’a dit notre collègue Bertrand Pancher, que des outils tels
que les ZDE permettaient une réflexion territoriale permettant de s’assurer que
les projets d’installation n’entrent pas en confrontation avec des projets
touristiques, tel que celui de la Thiérache, dans ma circonscription, construit
autour des églises fortifiées et du bocage.
Il reste certes le PLUI,
mais sa mise en place demande du temps, alors que c’est maintenant que la montée
en puissance des projets éoliens pose problème.
M. le président. La parole est à M. Philippe Plisson.
M.
Philippe Plisson, rapporteur.
J’avoue que je suis un peu étonné par la levée de bouclier que suscitent une
fois de plus les éoliennes.
Pour avoir mis en place une
ZDE, je peux vous dire que ce n’était pas la panacée, et c’est d’ailleurs pour
cela que j’avais proposé leur suppression. Bien qu’acceptée par tous les
services de l’État, sa mise en place nous a demandé deux ans de travail, et une
fois qu’elle a été mise en place, il y a eu recours sur recours, jusqu’au
Conseil d’État. Cela a duré six ans, et aujourd’hui il n’y a toujours pas la
moindre éolienne qui tourne en Aquitaine.
Pour ma part, j’ai tout
entendu contre ce projet d’installation : que cela arrêtait les montres, faisait
avorter les vaches ! Tout était bon pour empêcher l’installation d’éoliennes. Je
veux bien qu’on me dise que les éoliennes sont bruyantes, qu’elles tuent les
oiseaux – je n’ai pas encore entendu l’argument, mais je l’anticipe ! En
revanche, on ne craint pas les centrales nucléaires – il y en a une à proximité
de ma circonscription.
Pourtant, si nous voulons
atteindre la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique que nous nous
sommes assignée comme objectif à l’horizon 2025, il nous faudra installer des
éoliennes et des panneaux photovoltaïques et fermer des centrales, même si cela
dérange certains.
Il faut être un peu
cohérent et arrêter de penser que les éoliennes, c’est bien, mais chez les
autres. Au cours des auditions menées par la commission chargée d’étudier
l’impact du développement de l’éolien, j’ai entendu une dame dire qu’elle
refusait de voir des éoliennes quand elle ouvrait les fenêtres de son château.
M. Bertrand Pancher. Quelle grossière caricature !
M.
Philippe Plisson, rapporteur.
Voilà les arguments qu’on entend contre les éoliennes ! Pour ma part, quand
j’ouvre les fenêtres de ma modeste demeure, je vois les lignes de 300 000 volts
de la centrale nucléaire du Blayais et croyez-moi, cela défigure quelque peu le
paysage des Marais mouillés qui avaient été conquis sur l’estuaire.
Les éoliennes sont un
élément du progrès équilibré que nous voulons, à la condition qu’on arrête de
les empêcher de tourner.
M. le président. La parole est à M. Julien Aubert.
M.
Julien Aubert. Mes chers collègues, je vous invite, sur ce sujet des
éoliennes, à éviter les prises de position idéologiques et les caricatures. Nous
souhaitons tous que les énergies vertes se développent, mais aujourd’hui elles
ne se développent pas en raison de la guérilla juridique à laquelle les
associations se livrent. Aujourd’hui en France on a certes le droit de
construire des éoliennes, mais dans la réalité la multiplication des contentieux
réduit ce droit à un pur affichage, décourageant les investisseurs privés,
suscitant beaucoup de tension chez les acteurs et une forme de déception
légitime des fédérations. C’est notre premier point d’accord.
Le deuxième est de dire
qu’avoir une éolienne à proximité de chez soi est un cadeau que personne ici ne
souhaiterait, même si on peut toujours débattre de la question de savoir si la
nuisance commence à 150, 200, 300, 500 ou 1 000 mètres. À mon avis, cela dépend
beaucoup des lieux et du type de nuisances, car il y en a plusieurs : il y a la
nuisance sonore, la nuisance visuelle et les problèmes de sécurité. À la
confluence de tout cela, il faut arriver à quelque chose de raisonnable.
Troisième point d’accord,
il y a une avancée sur ce sujet des éoliennes : la loi Macron et votre texte,
madame Royal, allègent considérablement les procédures et devraient permettre
d’accélérer les installations.
Il y a incontestablement un
problème d’acceptabilité sociale, non seulement des éoliennes mais de tous les
équipements de ce type, à part peut-être les panneaux photovoltaïques : personne
ne souhaite voir s’installer dans son voisinage une antenne de SFR ou de France
Télécom, une éolienne, etc. Ne minorons pas ce problème.
Je pense que la règle qui
vise à ce que les éoliennes soient installées le plus loin possible des
habitations, si elle présente l’inconvénient de réduire considérablement les
zones d’installation possible, a l’avantage de réduire de façon notable les
problèmes d’acceptabilité sociale. L’État est sans doute capable d’imposer un
seuil d’éloignement de cinq cents mètres, mais la question est de savoir à quel
prix et pour quel résultat. Ne vaut-il pas mieux fixer un seuil plus élevé qui
permettrait d’éviter les levées de boucliers parce que les habitants ne les
verront pas ou ne subiront pas de nuisances sonores ?
Une approche objective
consisterait à évaluer d’abord les risques pour la sécurité, et c’est pourquoi
nous avons proposé une distance égale à dix fois la hauteur du mât – je ne sais
pas si ce devrait être sept, neuf, onze ou douze fois la hauteur du mât. Mais un
tel critère présente l’avantage de tenir compte de la hauteur de l’éolienne.
On a évoqué tout à l’heure
les risques d’accidents nucléaires, mais il y a aussi des accidents d’éolienne.
Ainsi une éolienne a perdu une pale de neuf tonnes dans le parc éolien du chemin
d’Ablis en Eure-et-Loir. Certes la probabilité est faible, mais s’il se trouve
qu’une voiture passe à ce moment-là, je crains qu’il n’en reste pas grand-chose.
L’éolien, pas plus que les autres énergies, n’est pas sûr à 100 %.
Quand aux nuisances
sonores, des enquêtes ont établi leur existence.
Si, loin de toute
idéologie, le législateur a le souci, non pas de tuer la filière éolienne, mais
au contraire de la favoriser en la concentrant là où elle peut se développer, il
doit reconnaître qu’il est des endroits où il n’est pas possible d’installer des
éoliennes.
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme
Ségolène Royal, ministre.
Nous avons eu une discussion passionnée sur les éoliennes. Monsieur Aubert, vous
avez très bien résumé la situation : il y a la volonté de la filière de pouvoir
continuer à installer des éoliennes et la volonté des riverains de pas en avoir
sous leur nez, si j’ose dire.
On voit il est vrai des
abus : ainsi, des communautés de communes installent des éoliennes en lisière de
leurs frontières, de sorte que c’est une commune voisine qui subit tout le
préjudice sans bénéficier des retombées financières. Il faut quand même savoir
raison garder.
Ce que je propose à la
représentation nationale est de s’en tenir au texte de la commission. En effet,
celle-ci a parfaitement travaillé et son texte est équilibré : il prévoit une
étude d’impact ainsi qu’un arrêté préfectoral. Le préfet sera obligé de
consulter pour préparer son arrêté : s’il y a des abus sur des frontières
intercommunales, le préfet sera en mesure de faire valoir l’inéquité en
résultant. L’étude d’impact prendra en compte la hauteur de l’éolienne : ce
n’est pas pareil d’avoir à cinq cents mètres une éolienne très haute ou une de
taille moyenne. Je ferai en sorte que la circulaire d’application soit très
claire sur l’étude d’impact, en ce qui concerne le rapport entre la distance et
la hauteur de l’éolienne.
Il est difficile de faire
figurer des critères stricts dans la loi, parce qu’il faut aussi tenir compte de
la topographie : ce n’est pas la même chose d’avoir une éolienne installée sur
un monticule près de chez soi, auquel cas elle apparaît quasiment sous vos
fenêtres, ou d’avoir une éolienne dans un creux, auquel cas la perspective n’est
pas la même.
Il faut aussi prendre en
compte le sens du vent. La nuisance sonore varie selon la topographie et
l’exposition au vent.
En prévoyant une étude
d’impact de qualité, un arrêté préfectoral et une distance minimale de cinq
cents mètres, le texte de la commission est tout à fait satisfaisant. Et nous
pourrons préciser les choses dans le texte d’application.
J’ai demandé à l’Institut
géographique national une étude d’impact de la disposition qui consisterait à
repousser systématiquement les éoliennes à un kilomètre : cela réduit de 90 %
les zones d’implantation possibles. Dans ma région Poitou-Charentes, sur 98,7 %
du territoire on ne pourrait pas implanter d’éoliennes. Il y a un problème, car
on ne peut pas souhaiter la transition énergétique et arrêter toutes les
éoliennes.
M. Julien Aubert. Nous ne sommes pas en Russie, non plus !
Mme Ségolène Royal, ministre. En revanche, on peut limiter la taille des éoliennes. Il en existe maintenant qui sont repliables.
Mme Geneviève Gaillard. Cela se fait déjà, en effet.
Mme
Ségolène Royal, ministre.
Les technologies progressent. Des progrès ont par exemple été faits en matière
de bruit des éoliennes.
Il ne faut pas casser le
marché de l’éolien. Il faut que les entreprises puissent continuer à investir,
sachant aussi que les technologies vont évoluer.
Je vous propose donc de
nous en tenir au texte de la commission : chacun ferait un pas. La circulaire
d’application précisera bien que l’étude d’impact doit prendre en compte la
hauteur des éoliennes, la topographie, les nuisances sonores.
J’ai par ailleurs saisi
l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement
et du travail, l’ANSES, pour qu’elle actualise son avis relatif à l’impact des
éoliennes sur la santé : je pense au bruit et aux infrasons en particulier. J’ai
demandé à l’ANSES de faire ses investigations là où il y a des nuisances, où les
riverains se plaignent. S’il y a des éoliennes mal installées qui sont sources
de nuisances intolérables pour les riverains, on peut parfaitement décider de
les démonter. Il n’y a aucune raison.
M. Bertrand Pancher. Ça ne s’est jamais vu !
Mme Ségolène Royal, ministre. Certes, mais ça peut se voir !
M. Julien Aubert. Mieux vaut prévenir que guérir !
Mme
Ségolène Royal, ministre.
Je ne vois pas pourquoi les
implantations seraient totalement irréversibles et la vie des gens serait gâchée
à cause d’égoïsmes locaux et d’une communauté de communes qui aurait installé
une éolienne à sa frontière sans se préoccuper de savoir ce qui allait se passer
de l’autre côté, pour en retirer des retombées financières. Nous allons faire un
état des lieux, parce que je pense qu’il faut sortir de ce conflit et admettre
que dans certains endroits, il y a eu des choses qui n’ont pas été bien faites.
Quand les choses sont mal faites, il faut savoir les remettre en question.
En résumé, je vous propose de
retenir le texte de la commission. Je serai très vigilante sur la rédaction de
la circulaire d’application que je soumettrai à votre commission. Je m’engage à
examiner ce qui s’est passé et quelles décisions il faut prendre sur le maintien
de certaines éoliennes là où les implantations sont les plus conflictuelles :
ces endroits sont peu nombreux, mais ils existent.
Ce sera en outre un signal
pour que les concertations soient correctes. La décision que prend une
collectivité d’installer une éolienne doit aussi tenir compte des nuisances sur
le territoire d’à côté qui ne va pas bénéficier des retombées : il en va du
respect des voisins et de la transparence démocratique.
M. le président. Monsieur Baupin, maintenez-vous votre amendement ?
M. Denis Baupin, rapporteur. J’ai entendu la volonté de compromis de Mme la ministre et de Mme la rapporteure, en vue de trouver un équilibre à partir du texte de la commission. Je vais donc retirer mon amendement pour que nous puissions procéder au toilettage du texte de la commission, puisque Mme la rapporteur a travaillé en ce sens sur certains aspects juridiques.
(L’amendement no 766 est retiré.)
M. le président. La parole est à M. Jacques Krabal.
M. Jacques Krabal. Je retire mon amendement.
(L’amendement no 878 est retiré.)
M. le président. La parole est à M. Denis Baupin, rapporteur, pour soutenir l’amendement no 818 rectifié.
M. Denis Baupin, rapporteur. Je le retire aussi.
(L’amendement no 818 rectifié est retiré.)
M.
le président. Je suis saisi d’un amendement no 817 qui fait
l’objet de plusieurs sous-amendements, nos 994 rectifié et 996.
La parole est à M. Denis
Baupin, rapporteur, pour soutenir l’amendement.
M. Denis Baupin, rapporteur. Il est défendu.
M.
le président. Je suis saisi de deux sous-amendements, nos 994
rectifié et 996, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à Mme Ericka
Bareigts, rapporteure, pour soutenir le sous-amendement no 994
rectifié.
Mme Ericka Bareigts, rapporteure. Il est retiré.
M. le président. Le sous-amendement no 996 aussi ?
Mme Ericka Bareigts, rapporteure. En effet.
(Les sous-amendements nos 994 rectifié et 996 sont retirés.)
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
Mme Ericka Bareigts, rapporteure. Avis défavorable.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Ségolène Royal, ministre. Avis défavorable.
M. le président. La parole est à Mme Barbara Pompili.
Mme Barbara Pompili. Je demande une suspension de séance.
Suspension et reprise de la séance
M. le président. La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt-trois heures trente-cinq, est reprise à vingt-trois heures quarante-cinq.)
M.
le président. La séance est reprise.
La parole est à M. le
Président.
M. François Brottes, président de la commission spéciale. Je n’ajouterai guère à ce qu’a dit Mme la ministre tout à l’heure. Il est vrai que le texte issu du Sénat soulevait énormément de problèmes puisqu’il bloquait la situation. Je pense que nous sommes désormais parvenus à un texte raisonnable et transparent, grâce auquel il est aujourd’hui possible de favoriser le développement d’une énergie renouvelable mature sur le plan fonctionnel sans ignorer l’environnement autour des implantations de ces ouvrages. L’étude d’impact permettra quant à elle d’éclairer des décisions qui ne l’étaient pas toujours.
M. le président. L’amendement no 817 est-il retiré ?
Mme Barbara Pompili. Pas du tout !
M. le président. La parole est à M. Jean-Louis Bricout.
M. Jean-Louis Bricout. Je souhaite revenir sur la question de la distance : 500 ou 1 000 mètres. La grande différence, c’est que 500 mètres, cela crée un problème de mitage du territoire, avec des petits groupes d’éoliennes installés à droite et à gauche. À 1 000 mètres, la concentration des projets s’impose. La gêne est donc bien moindre. Chez nous, les gens ont la fibre écologique ! Ils ne sont pas opposés à l’éolien ! Ce sont les problèmes de proximité et de mitage qui créent des tensions. Je pense que nous pourrions commencer par fixer la limite à 1 000 mètres, puis nous verrions où en est le degré d’acceptabilité pour savoir s’il est ou non possible de tendre vers les 500 mètres.
M. le président. La parole est à Mme Barbara Pompili.
Mme
Barbara Pompili. J’entends bien qu’il y a un problème de mitage, mais si
on adoptait une distance de 1 000 mètres, ce qui n’est en l’occurrence
heureusement pas le cas, ce serait la mort de l’éolien français ! Il faut être
raisonnable !
Que certains problèmes se
posent dans certains lieux, c’est une évidence et il faut essayer de les
résoudre. Mais ce qui est proposé les aggraverait…
M. François Brottes, président de la commission spéciale. Mais non !
Mme
Barbara Pompili. …et augmenterait le nombre de recours, alors que nous
sommes censés débattre d’une loi de simplification.
Je trouve vraiment dommage
de ne pas pouvoir avancer sur ces sujets-là, qui sont extrêmement importants.
Élue de la Somme, je le sais bien : heureusement que la filière éolienne se
développe, cela permet enfin de créer des emplois !
M. Julien Aubert. Des emplois ? Où donc ?
Mme
Barbara Pompili. J’entends aussi qu’il y a des problèmes d’acceptabilité,
mais combien compte-t-on de poteaux à haute tension dans notre pays : deux cent
mille ? Et plus personne ne les voit. La visibilité est vraiment à géométrie
variable !
Ce qui m’intéresse, quant à
moi, c’est que nous disposions d’une énergie propre, que nous puissions créer
des emplois, développer des filières pourvoyeuses d’emplois non délocalisables,
et que tout cela soit fait intelligemment. Nous nous efforcions tous ensemble de
parvenir à un compromis sur ce sujet, mais je subodore que nous nous apprêtons
aujourd’hui à créer de nouvelles complications. Pourtant, l’objectif est de
simplifier ! – et pour tout le monde : les industriels, mais aussi les
riverains, dont il faut entendre les problèmes.
Des procédures bien menées
permettraient aujourd’hui de faire en sorte que tout le monde s’y retrouve.
C’est sur ce plan-là qu’il conviendrait peut-être de focaliser notre attention.
Aujourd’hui, la maturation d’un projet requiert huit années ! Essayons de
trouver une voie raisonnable qui mène à des solutions !
M. le président. Mes chers collègues, nous avons encore 225 amendements à examiner. Que chacun en soit bien conscient, parce qu’au rythme actuel, je ne vois pas très bien comment le vote solennel pourrait avoir lieu mardi.
M. Julien Aubert. Il y a un problème de méthode !
M. le président. La parole est à Mme Cécile Duflot.
Mme
Cécile Duflot. Pour le coup, je suis d’accord avec M. Aubert : il y a un
problème de méthode. Un problème entre le discours tenu et sa traduction
législative.
Il n’est pas possible de
prétendre vouloir développer les énergies renouvelables, prétendre vouloir
parvenir à un certain nombre de compromis – et les écologistes en ont fait
beaucoup, madame la ministre, beaucoup plus que ce que l’on aurait pu
imaginer ! – puis affirmer en séance que plus rien n’est possible.
Denis Baupin a excellemment
expliqué les complexités juridiques et les immenses difficultés que soulèverait
l’adoption du texte issu de la commission, qui a été étudié par de nombreuses
personnes. Le maintenir en l’état et refuser l’adoption de l’amendement qu’il a
présenté constituerait, il faut en être conscient, un frein au développement de
l’éolien en France. Vous comprendrez bien que pour le groupe écologiste, cela
serait incompréhensible.
M. le président. La parole est à M. Daniel Fasquelle.
M. Daniel Fasquelle. Si j’ai bien compris, madame Pompili, les paysages ayant été abîmés par les lignes à haute tension, il faut les saccager un peu plus avec les éoliennes ?
Mme Barbara Pompili, Mme Cécile Duflot et M. Denis Baupin, rapporteur. Mais non ! On les enlève !
M.
Daniel Fasquelle. C’est un raisonnement tout de même assez bizarre !
Je crois que nos paysages
doivent être préservés. Nous n’avons pas du tout parlé de l’économie
touristique, pourtant l’attractivité de nos territoires repose sur eux. Si nous
continuons à miter le territoire, à installer des éoliennes n’importe où et
n’importe comment, à abîmer ces paysages, c’est l’attractivité de nos
territoires et donc aussi nos emplois qui seront remis en cause ! Parce que
l’économie touristique, ce sont aussi des emplois : deux millions, directs et
indirects en France, première destination touristique au monde – mais qui
malheureusement ne le sera bientôt plus faute de faire ce qu’il faut pour
préserver son attractivité.
Se pose aussi la question
des riverains, qui a été très bien formulée par différents orateurs. Le problème
est réel : la multiplication des éoliennes un peu partout et un peu n’importe
comment commence à susciter de vraies difficultés. Certains riverains ne
supportent pas qu’une implantation se fasse à proximité de chez eux. Cela
suscite des tensions dans les communes, ou parfois entre communes, Mme la
ministre l’a très bien dit et nous avons tous des exemples en tête. C’est vrai,
et j’en ai dans ma circonscription, certaines d’entre elles implantent des
éoliennes à la marge de leur territoire, afin de percevoir les recettes tout en
faisant l’économie des nuisances. C’est un vrai sujet, qu’il n’est pas possible
de traiter à la légère.
Lors de la précédente
législature, nous avions édicté un certain nombre de règles avec Patrick Ollier.
M. Philippe Plisson, rapporteur. Vous avez flingué les éoliennes ! J’en témoigne !
M.
Daniel Fasquelle. Nous avions notamment proposé qu’elles soient regroupées
par cinq, ce qui semble tout à fait logique, et nous avions également imposé une
distance qui me semblait d’ailleurs insuffisante, et qui me le semble toujours.
Toutes ces règles ont été
balayées d’un revers de la main dans cet hémicycle, à deux heures du matin, lors
d’un débat au cours duquel nos amis écologistes ont brandi des amendements qui
ont été malheureusement adoptés. Nous en voyons aujourd’hui les conséquences :
mitage du territoire, tensions, problèmes des riverains.
Ces derniers sont
d’ailleurs parfois désarmés face aux entreprises qui peuvent être prêtes à tout
pour imposer leurs éoliennes.
M. Denis Baupin. Hé oui ! Nous, nous aimons les entreprises ! (Sourires.)
M.
Daniel Fasquelle. Récemment, des riverains ont esté en justice pour
contester l’implantation d’éoliennes. Mécontente, l’entreprise constructrice
vient de saisir les tribunaux pour leur faire peur en leur réclamant plusieurs
millions d’euros de dommages et intérêts. Ce couple, aujourd’hui, n’en peut plus
et va devoir à nouveau payer un avocat pour se défendre face aux procédures
engagées. C’est ce que vivent malheureusement beaucoup de Français.
Il faut bien comprendre
qu’il y a des enjeux financiers, que certains propriétaires de terrains cèdent
au chant des sirènes, ainsi que certains élus malheureusement, et qu’au final ce
sont les riverains qui souffrent. Il faut prendre ce débat très au sérieux.
Mme la ministre argue que
la limite des 1 000 mètres interdirait la présence d’éoliennes sur 90 % ou 95 %
du territoire national. C’est bien la preuve que nous sommes face à un vrai
problème : nous savons très bien que la distance de 500 mètres est insuffisante,
mais si l’on impose la règle de bon sens des 1 000 mètres, nous serons
contraints de réduire considérablement les implantations.
Cela signifie simplement
que si nous voulons multiplier les éoliennes partout, comme vous le souhaitez,
des conflits et des problèmes verront le jour partout sur le territoire
national.
Je suis quant à moi
favorable à la distance des 1 000 mètres, ou de dix fois la hauteur des
éoliennes. Cela me semble relever du bon sens et, comme un collègue l’a
d’ailleurs précisé, cela nous obligerait à les regrouper.
Il faut vraiment en revenir
à un peu de bon sens. Il faut qu’un dialogue s’organise à l’échelle des
territoires. Les maires ne doivent pas décider seuls, l’échelon de la décision
doit être plus vaste et s’inscrire dans le cadre des schémas régionaux et des
zones de développement de l’éolien. Il faut qu’un véritable dialogue s’organise
entre les élus, avec les citoyens, un débat participatif, madame la ministre,
afin que l’implantation des éoliennes dans les territoires,
in fine, soit raisonnable, pensée,
et que leur impact sur les paysages et les riverains soit le plus limité
possible.
Un équilibre doit être
trouvé et il ne pourra l’être qu’à partir d’une évolution du texte de la
commission. (Applaudissements sur les
bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme
Ségolène Royal, ministre.
Je partage les propos qui ont été tenus sur tous les bancs et je comprends
parfaitement vos préoccupations. L’amendement a d’ailleurs été travaillé avec
mes équipes, ce n’est pas un secret. Nous sommes dans un débat parlementaire,
nous écoutons tout ce qui se dit, mais ensuite il relève de ma responsabilité
ministérielle de m’interroger sur ce qu’est l’intérêt général du pays : comment
avancer en matière d’énergies renouvelables, dans le respect de la diversité des
opinions et en fonction des problématiques de terrain, et comment avancer aussi
sur le plan parlementaire, afin que la loi soit votée mardi prochain ?
Je pense sincèrement que
tout le monde doit faire un effort. Moi aussi, j’en fais un ! Ce que j’accepte
aujourd’hui est différent de ma position initiale ! La vérité commune naît
lorsque chacun accepte d’abdiquer une part de sa vérité pour cheminer vers la
part de vérité des autres.
Le texte issu de la
commission me paraît constituer un juste équilibre. Je suggère, dès lors, que
l’ensemble des amendements soient retirés afin que l’on en reste à ce dernier et
que l’on puisse poursuivre le débat. Car c’est cela, l’intérêt général. Les gens
attendent vraiment cette loi de transition énergétique pour que nous puissions
avancer. Tous les arguments ont été exposés, tous les échanges ont eu lieu. Je
souhaite donc que l’on se rallie au texte de la commission et que les
amendements des uns et des autres soient retirés, les miens y compris.
J’abandonne ma position initiale pour me rapprocher du travail collectif issu de
la commission. L’amendement de M. Baupin est plus élégamment rédigé, mais le
contenu est exactement le même, avec l’étude d’impact et l’arrêté du préfet.
L’équilibre est maintenu.
Il sera désormais possible d’éloigner les éoliennes en fonction de leur impact,
ce qui donne satisfaction à ceux qui sont inquiets. L’étude d’impact prendra
quant à elle en considération les sentiments des riverains, ce qui est très
important et qui n’a pas été suffisamment intégré lors d’un certain nombre
d’installations, ce qui n’a pas manqué de susciter des problèmes.
J’insiste donc beaucoup
pour que nous puissions continuer le débat et nous rallier au texte de la
commission.
M. le président. Retirez-vous cet amendement, madame Pompili ?
Mme
Barbara Pompili. Non. Je voudrais faire un parallèle avec un autre sujet
qui a été étudié dans cette loi : les travaux d’isolation et de performance
énergétique dans les bâtiments.
Madame la ministre, vous
avez été la première à le dire : nombre de mesures ont été prises pour aider les
particuliers en particulier à isoler leur logement, mais leur mise en œuvre
était si complexe, les dispositifs si touffus que ceux qui s’y frottaient se
demandaient si tout n’avait pas été fait en réalité pour que cela ne fonctionne
pas.
J’ai le sentiment,
s’agissant des éoliennes, que nous sommes en train de retomber dans la même
erreur et j’aimerais que, sur un sujet aussi grave, ce ne soit pas le cas. Le
texte issu de la commission re-créera des problèmes et aboutira à l’inverse de
l’objectif que nous nous sommes tous assignés ici : le développement des
énergies renouvelables là où c’est nécessaire.
C’est pourquoi nous avons
déposé cet amendement. Il n’enlève rien aux avancées incluses dans le texte de
la commission, notamment sur les questions de l’étude d’impact et sur la
nécessaire association des riverains – car il importe que ces derniers soient
entendus. Il prend en compte la question des paysages, parce que la préservation
de notre vocation touristique est évidemment très importante – mais il y a des
endroits où l’implantation ne soulève aucun problème.
Tout cela est inclus dans
l’étude d’impact, dans le texte de la commission et dans l’amendement que nous
proposons. Mais ce dernier apporte un certain nombre de précisions qui
permettront d’éviter de se retrouver dans une situation où il ne serait pas
possible d’atteindre notre objectif. C’est tout, c’est simple !
C’est pour cela que nous
insistons à ce point : nous devons garder en tête ce qui s’est passé dans le
secteur du bâtiment afin de ne pas reproduire la même erreur dans le domaine de
l’éolien.
M. Jean-Louis Bricout. Il n’y a pas que l’éolien, non plus ! On peut développer la méthanisation.
M. le président. La parole est à M. Patrice Carvalho.
M. Patrice Carvalho. Vos propos ne m’ont pas du tout rassuré, madame la ministre. Vous nous avez expliqué que l’on avait fait n’importe quoi en implantant partout des éoliennes, qu’aujourd’hui il nous restait à gérer les problèmes, et même que si des démantèlements étaient nécessaires, eh bien ils se feraient. Mais qui paiera ? Madame la ministre, vous êtes incapable de faire démanteler les centaines de stations-service en ruines le long des routes…
Mme Ségolène Royal, ministre. Cela ne relève pas de mon champ de compétence !
M. Patrice Carvalho. ...et vous allez financer le démantèlement d’éoliennes ? Vous êtes vraiment une championne !
M. Bertrand Pancher et M. Julien Aubert. Bravo !
M.
Patrice Carvalho. Le problème qui se pose pour les éoliennes, c’est bien
plutôt celui de leur rentabilité. On installe des éoliennes partout, par
dizaines de milliers, mais pour quelle production d’énergie dans notre pays ?
Nous serons peut-être obligés, plus tard, de faire comme les Allemands et
d’ouvrir des centrales à charbon partout pour avoir de l’électricité. C’est ça
la question !
L’argent investi dans les
éoliennes par l’État et EDF, donc par les citoyens, ne serait-il pas mieux
utilisé pour de la géothermie ? Il y a des pays qui ne font que comme ça, et
cela fonctionne ! Ce n’est pas le maire du Touquet qui dira le contraire. Et les
marées motrices ? La mer, elle, monte et descend tous les jours ! Hop ! Hop !
Hop !
Je circule souvent sur une
autoroute bordée d’éoliennes, madame la ministre. Parfois, toutes celles de
gauche fonctionnent, et pas celles de droite ! Ou bien seulement une sur deux !
(Sourires.)
M. le président. Parfois, c’est l’inverse !
M.
Patrice Carvalho. Il y a vraiment de quoi se poser des questions !
Alors pourquoi, madame la
ministre, ne pas chercher ailleurs ? Pourquoi ne pas essayer de trouver des
énergies qui soient vraiment renouvelables et fiables ? Le vent, c’est
aléatoire !
M. Jean-Luc Laurent. Très juste !
M. Julien Aubert. Très bien !
(L’amendement no 817 n’est pas adopté.)
M. le président. La parole est à Mme Ericka Bareigts, pour soutenir l’amendement no 923.
Mme Ericka Bareigts, rapporteure. Il est rédactionnel.
(L’amendement no 923, accepté par le Gouvernement, est adopté.)
M. le président. La parole est à M. Daniel Fasquelle, pour soutenir l’amendement no 502.
M. Daniel Fasquelle. Pour s’assurer, puisque c’est votre intention, madame la ministre, que l’avis des riverains soit bien pris en compte, nous proposons que le préfet ne se fonde pas seulement sur l’étude d’impact mais qu’il tienne compte des éléments recueillis lors de l’instruction du dossier, notamment lors de la consultation du public.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
Me Ericka Bareigts, rapporteure. Sur cet amendement, avis défavorable puisque la commission spéciale a souhaité que la distance minimale d’éloignement soit déterminée à partir d’éléments objectifs, de façon à limiter les risques de recours juridiques abusifs. Par ailleurs, la fixation de la distance minimale d’éloignement ne remplace pas la procédure d’autorisation ICPE – installations classées pour la protection de l’environnement. Dans ce cadre, la consultation du public et des collectivités territoriales sera bien prise en compte par le préfet qui examinera le dossier.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Ségolène Royal, ministre. Même avis. L’amendement est satisfait, puisque l’étude d’impact comprend effectivement la consultation du public.
(L’amendement no 502 n’est pas adopté.)
M.
le président. Je suis saisi de trois amendements, nos 503,
289 et 384, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 289
et 384 sont identiques.
La parole est à M. Julien
Aubert, pour soutenir l’amendement no 503.
M.
Julien Aubert. Sans vouloir allonger le débat, je voudrais qu’on donne
une base objective à la distance minimale. Je propose qu’elle soit de dix fois
la hauteur de la structure en bout de pale. L’idée est la suivante : si vous
voulez installer des éoliennes à une faible distance, il faut qu’elles soient
petites. Si, en revanche, vous voulez installer de grandes éoliennes, il faut
les installer à une certaine distance.
Cette proposition tient
également compte de cas réels d’accidents liés à des éoliennes : en Norvège, des
débris ont volé jusqu’à 1,3 kilomètre du lieu d’implantation ! Il est donc
nécessaire de fixer une distance minimale qui tienne compte du poids des pales.
Voilà pourquoi je vous propose une base objective : pas 500, pas 1 000 mètres,
mais une distance proportionnelle à la hauteur de la structure.
M. le président. La parole est à M. Jean-Louis Bricout, pour soutenir l’amendement no 289.
M. Jean-Louis Bricout. Il s’agit encore de cette affaire de distance. Insister pour 1 000 mètres, ce n’est pas vouloir stopper les énergies renouvelables ! L’éolien peut être remplacé. Sur un territoire comme le mien, je préférerais nettement qu’on limite l’éolien au profit de la méthanisation par exemple. Or si nous ne disposons pas d’outils pour ralentir le développement de l’éolien, nous ne pourrons pas passer à autre chose. Mais cela ne remet en rien en cause la volonté d’aller vers les énergies renouvelables et la transition énergétique.
M.
le président. Sur les amendements identiques nos 289 et 384,
je suis saisi par le groupe de l’Union pour un mouvement populaire d’une demande
de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans
l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Patrice
Carvalho, pour soutenir l’amendement no 384.
M.
Patrice Carvalho. Le Sénat avait adopté, à l’initiative du regretté Jean
Germain un amendement proche de celui que nous défendons ici. Il s’agissait,
disait-il, de préserver non pas les élus, mais les habitants, qui comptent aussi
un peu dans ce genre de sujet ! C’est aussi ce que viennent de dire nos
collègues de l’UMP.
Les Anglais viennent de
choisir une distance de 1 500 mètres entre les éoliennes et les habitations, et
le même choix a été fait par un certain nombre de
Länder allemands. Les États-Unis,
qui ne sont pas toujours à la pointe du développement durable, viennent de
décider d’aller au-delà de 2 000 mètres pour des raisons de responsabilité
médicale. L’Organisation mondiale de la santé recommande une distance de
1 500 mètres, de même que l’Académie de médecine. L’Agence française de sécurité
sanitaire de l’environnement et du travail ne s’est préoccupée, quant à elle,
que du bruit, et a totalement laissé de côté l’impact des infrasons dans son
étude – Mme la ministre l’a confirmé.
Nous proposons, avec cet
amendement, de retenir une distance minimale de 1 000 mètres, ce qui semble
particulièrement raisonnable. Nous devons faire preuve de responsabilité : nous
ne pouvons continuer de développer l’éolien contre l’avis des populations
locales, en passant par pertes et profits le monde rural. Si nous voulons que
l’éolien se développe, ce ne peut être que sur la base de projets soutenus et
portés par les populations, en mettant fin à un développement anarchique mené au
nom d’une logique de profit à court terme et indifférent aux nuisances et à la
qualité de vie des habitants. Nous invitons donc l’ensemble de notre assemblée à
adopter le présent amendement.
Enfin, madame la ministre,
puisque vous n’êtes pas avare de réponses en direction de nos collèges
écologistes, je voudrais que vous m’indiquiez le coût du démantèlement des
éoliennes, en fonction de leur hauteur. J’aimerais également que vous nous
disiez ce que vous allez démanteler : s’agit-il de l’ensemble de l’iceberg, ou
seulement de la partie visible ? Voilà une question d’importance !
M. le président. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ?
Mme Ericka Bareigts, rapporteure. Défavorable.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Ségolène Royal, ministre. Même avis.
M. le président. La parole est à M. Serge Janquin.
M. Serge Janquin. Mes chers collègues, à voir le ton un peu vif qu’ont pris nos échanges sur la distance d’implantation des éoliennes, alors même que le Palais-Bourbon n’est pas spécialement menacé par la chute d’une pale, vous mesurez bien la tension que pourront ressentir ceux de nos concitoyens qui y seront directement exposés.
M. Daniel Fasquelle. Absolument !
M.
Serge Janquin. Cela étant, je souhaite contribuer à l’apaisement du
débat. J’ai entendu une proposition qui ne me paraît pas du tout inintéressante,
et qui pourrait être prise en considération : celle d’une distance
proportionnelle à la hauteur. Mais j’ai surtout entendu Mme la ministre : je
l’ai entendue prendre l’engagement qu’un décret, arrêté ou circulaire
témoignerait de la volonté du Gouvernement, et de celle du législateur, que le
préfet apprécie de manière fine toutes les situations concrètes, sur ce chantier
difficile où nous aurons du mal à trouver un accord.
Pour ma part, je fais
confiance à la ministre, à son administration et aux préfets de la nation pour
faire une bonne application de la volonté du Gouvernement et du législateur. Je
retire donc l’amendement no 289.
(L’amendement no 289 est retiré.)
(L’amendement no 503 n’est pas adopté.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme
Ségolène Royal, ministre.
J’aimerais donner une réponse technique sur la question du démantèlement. Il y a
un fait que vous ne connaissez peut-être pas, et que j’ignorais moi-même avant
le début de ce débat sur l’énergie éolienne : lorsque l’autorisation de
construire une éolienne est donnée, il y a obligation pour le constructeur de
consigner le coût de son démantèlement. C’est obligatoire.
En effet, si, par exemple,
le bruit est supérieur à ce qui est autorisé, le préfet a le pouvoir de mettre
en demeure le constructeur de l’éolienne de la remettre aux normes. Si ce n’est
pas fait, l’autorisation est suspendue et un ordre de démantèlement est donné.
C’est la raison pour laquelle, pour chaque éolienne construite, il faut que la
représentation nationale le sache, il y a un dépôt de garantie couvrant le coût
du démantèlement.
Le coût du démantèlement
d’une éolienne de taille standard est de 50 000 euros. Cela signifie qu’à chaque
fois qu’une éolienne est construite, un dépôt de garantie de 50 000 euros est
exigé, au cas où le démantèlement de l’éolienne serait ordonné – ce qui ne s’est
encore jamais produit.
M. Patrice Carvalho. Cette somme comprend-elle également le démantèlement de la partie enfouie ?
Mme Ségolène Royal, ministre. Elle couvre la totalité du démantèlement. Pourquoi ce dépôt de garantie est-il exigé ? Parce que, comme toutes les installations, les éoliennes ont une durée de vie limitée et qu’il faut bien évidemment éviter l’apparition de friches d’éoliennes. Voilà la raison de ce dispositif de caution obligatoire. Je rappelle que le préfet a le pouvoir, sur injonction du ministre de l’énergie si nécessaire, de faire respecter les normes qui régissent les éoliennes, et sinon de suspendre l’autorisation de fonctionnement et de donner l’ordre de démantèlement.
M. le président. Je mets aux voix l’amendement no 384.
M. Denis Baupin, rapporteur. Pouvez-vous rappeler l’avis de la commission et du Gouvernement ?
M. le président. Avis négatif.
(Il est procédé au scrutin.)
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants |
23 |
Nombre de suffrages exprimés |
23 |
Majorité absolue |
12 |
Pour l’adoption |
6 |
contre |
17 |
(L’amendement no 384 n’est pas adopté.)
M.
le président. Je suis saisi de deux amendements, nos 340 rectifié
et 293 rectifié, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.
La parole est à M. Serge
Janquin, pour les soutenir.
M. Serge Janquin. Ils sont retirés.
(Les amendements nos 340 rectifié et 293 rectifié sont retirés.)
M. le président. La parole est à M. Denis Baupin, pour soutenir l’amendement n° 907 rectifié.
M. Denis Baupin, rapporteur. Nous changeons complètement de sujet avec cet amendement, puisqu’il n’est plus question de la distance minimale, sur laquelle nous reviendrons, mais des recours juridiques. De ce point de vue, nous avons beaucoup progressé au cours de la discussion, et si chacun s’accorde à dire que le droit au recours est parfaitement légitime, pour les éoliennes comme pour n’importe quelle installation, en revanche, des délais trop longs peuvent parfois retarder des décisions – aussi bien celles qui tendent à stopper les mauvais projets que celles qui entérinent les bons. Nous proposons donc de ramener le délai de recours à deux mois.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
Mme Ericka Bareigts, rapporteure. Avis défavorable, monsieur le président, parce qu’il nous semble justifié que les dispositions s’appliquent aux projets déposés et qui n’ont pas encore fait l’objet d’un arrêté d’autorisation, dès lors que l’étude d’impact démontre que la distance d’éloignement doit être supérieure à 500 mètres.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Ségolène Royal, ministre. Même avis.
(L’amendement no 907 rectifié n’est pas adopté.)
(L’article 38 bis BA, amendé, est adopté.)
Article 38 bis BB
M.
le président. La commission a supprimé l’article 38 bis BB.
Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 685 et 901 rectifié,
tendant à le rétablir.
La parole est à M. Julien
Aubert, pour soutenir l’amendement no 685.
M. Julien Aubert. Cet amendement tend à rétablir une disposition introduite par le Sénat, allongeant à trente jours le délai laissé à un propriétaire foncier pour exercer son droit de rétractation après signature d’un bail avec un demandeur éolien. Il existe un délai de rétractation pour n’importe quel type de vente. Le fait d’accepter l’installation d’une éolienne n’est pas anodin, puisque cela engage pour de nombreuses années. Trente petits jours me semblent donc tout à fait nécessaires. La version du Sénat, de ce point de vue, était bien meilleure.
M. le président. La parole est à M. Patrice Carvalho, pour soutenir l’amendement no 901 rectifié.
M. Patrice Carvalho. Défendu.
M. le président. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ?
Mme Ericka Bareigts, rapporteure. Avis défavorable, parce que la loi Hamon a déjà rallongé ce délai de sept à quatorze jours.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Ségolène Royal, ministre. Même avis.
(Les amendements identiques nos 685 et 901 rectifié ne sont pas adoptés.)
Isabelle et Jean-Paul Ladoux
"Sauvegarde du Carladez"