Jardins baroques
Traduit par B.F. Rordorf de Hans-Rudolf Heyer, «Historische Gärten der Schweiz«, Benteli Verlag Bern, Gesellschaft für Schweizerische Kunstgeschichte (1980), p73.
Ce n’est que dans l’époque baroque que l’unité entre maison et jardin déjà recherché dans la renaissance atteint la perfection en alignant l’architecture de préférence sur le paysage et en permettant l’architecture de se continuer dans l’espace libre du jardin. Tels les châteaux contenaient des salles, corridors et cabinets, tels les jardins se composaient maintenant d'es espaces closes mais liées entre eux et alignés sur les axes principaux : parterres, allées et bosquets. A la place des divers éléments de jardin alignés de la Renaissance on trouve à présent un plan aligné sur la demeure qui orchestre le jardin baroque. Cet ensemble qui contenait le paysage environnant laissait suffisamment d’espace pour des éléments de jardin divers, qui dans leur juxtaposition se complétaient ou se contrebalançaient.
Cette subordination sous un plan qui dominait le tout était dans l’esprit du temps, de l’absolutisme, qui arrivait à son apogée dans la deuxième moitié du 17 ième siècle en France sous Louis XIV. Louis XIV donnait son nom à cette époque en cherchant à soumettre l’Europe sous l’hégémonie culturelle de la France. L’idéal n’était plus l’Italie mais la France qui complétait ce que l’Italie de la Renaissance avait commencé. Pendant que l’Allemagne luttait pour se rétablir de la guerre de trente années et que l’Angleterre sombrait dans le puritanisme, la France développait un art du jardin qui rayonnait à travers l’Europe pendant un siècle.
A la différence du jardin Italien qui se trouvait dans les collines et les pentes, la jardin français se trouvait dans les plaines ou les pentes douces, ce qui faisait remplacer les cascades et les fontaines par des plans d'eau pour ses effets de miroir, de mouvement et des perspectives. Cette topographie était à la source des jardins à la française avec ses canaux et ses perspectives vers l’infini.
La seule manière de créer des vues dans la plaine était de créer des longues vues. C’est pour cela que les fameuses perspectives crées par des allées d’arbres et des percées par des coupes dans les bois étaient inventées. Elles permettaient de diriger la vue dans le lointain.
http://books.google.ch/books/about/Historische_G%C3%A4rten_der_Schweiz.html?id=HcMPAQAAIAAJ&redir_esc=y
Hans
Rudolph Heyer, "Historische Gärten der Schweiz"
http://www.worldcat.org/title/historische-garten-der-schweiz-die-entwicklung-vom-mittelalter-bis-zur-gegenwart/oclc/6526608?page=citation
Le château de Versailles avec son allé coté ville et ses longue vues coté jardin, et bien sur aussi Balleroy avec son charmant hammeau sont des modèles illustres pour ce qui est développé par H-R Heyer!
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Les deux axes baroques du château d'Epanvilliers sont menacées par des projets éoliens avec des co-visibilités effarantes
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Naissance du jardin paysager et construction de l'espace de Michel Barridon
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Jean-Paul RIOPELLE, L'hommage à Rosa Luxemburg, 1992 (détail)[ * ] |
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Naissance du jardin paysager et construction de
l'espace |
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Summary |
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L’art des jardins est
important dans l’histoire de l’esthétique parce qu’il offre un
panorama complet des phases qu’a connues la représentation de la
nature au cours des siècles. On peut en chercher les moments forts,
les grands tournants, afin de comprendre le pourquoi des mutations
qui ont affecté l’idée qu’on se faisait du beau quand on cherchait à
l‘exprimer par le spectacle de fleurs, d’arbres et de jeux d’eau. Ce
sont ces éléments vivants que de grands créateurs agencent d’une
façon nouvelle quand ils lancent un style, et ceci confère à leurs
créations un caractère fondamental qui n’échappe pas à leurs
contemporains. Les jardins de Le Nôtre ont été vus par plus de monde
que les tableaux de Poussin et ils ont transformé l’idée que l’on se
faisait de l’environnement naturel. On peut en dire autant de ceux
de Vignole, de Loudon et de Vanbrugh qui ont marqué de leur forte
personnalité le développent des jardins réguliers de la Renaissance,
les grands parcs publics de l’âge industriel et les jardins
pittoresques de l’Angleterre du 18° siècle. C’est à ces derniers que
je voudrais consacrer la présente étude parce qu’ils me paraissent
avoir opéré une mutation décisive en transformant la représentation
de la nature non seulement en Angleterre mais dans toute l’Europe et
même en Amérique au siècle suivant. Il faut qu'elle offre à la vue des paysages agréables, des prés fleuris, des campagnes découvertes, des bois qui donnent de l'ombre, de clairs ruisseaux, des rivières aux eaux pures, et des lacs pour aller nager Ce même Alberti, cependant, distinguait bien entre jardin et paysage. La villa devait aussi dominer un jardin [...]dont les formes ressemblent à celles que l'on donne aux maisons, cercles, demi-cercles ou figures du même ordre entourées de lauriers, de cyprès et de genévriers avec des arbres plantés en ligne droite et taillés pour former des alignements réguliers. On y mettra des portiques pour donner de l'ombre, des berceaux où grimpe la vigne disposés sur des colonnes de marbre, des vases et même des statues amusantes pourvu qu'elles ne soient pas obscènes. On y mettra aussi des plantes rares. Les anciens se servaient de bordures de buis pour écrire leur nom sur des parterres où ils disposaient aussi des plantes aromatiques. [2] Autrement dit, le
jardin utilisait les mêmes formes architecturales que la maison. Il
était régulier et géométrique alors que le paysage avait toute
la liberté des formes de la nature. Le contraste entre ces deux
passages définit la nature du jardin de l’époque. L’art lui donne sa
forme en assujettissant la nature aux lois de la géométrie et c’est
pour cela qu’il s’entoure d’une quadrature qui l’isole et lui confie
son statut d’oeuvre humaine. Cette quadrature qui est au jardin ce
que le cadre est au tableau permet d’obtenir un dialogue entre ce
qui est en-deçà du mur d’enceinte (l’art représenté par le jardin)
et la nature (représentée par la paysage).
La perspective montre la juste longueur des allées à qui y voudrait observer la perfection. Mais on les désire souvent plus longues, soit afin qu'elles contiennent tout l'espace qu'on veut embellir, ou afin qu'elles servent de voie pour aller loin. [3] Et encore, Les formes carrées sont les plus pratiquées aux jardins, soit du carré parfait ou de l’oblong, bien qu’en ceux-ci il y ait de grandes différences. Mais en eux se trouvent les lignes droites qui rendent les allées longues et belles et leur donnent une plaisante perspective car sur leur longueur , la force de la vue déclinant, rend les choses plus petites tendant vers un point [ce] qui les fait trouver plus agréables. [4] Ce besoin d’établir un axe central qui fasse courir le regard jusqu’à l ’infini est manifeste dans l’emploi de perspectives peintes placées au bout d’allées trop courtes. André Mollet dans son Jardin de plaisir proposait en effet : ...aux extrémités de ces allées, y poser des belles perspectives peintes sur toile afin de les pouvoir ôter des injures du temps quand on voudra [5] . Par perspective peinte, il entendait une toile représentant une allée vue en perspective de manière à figurer la profondeur de l'espace. C'était une sorte de trompe l’œil comparable, en somme, à ceux que l'on voit sur un décor de théâtre où l'on fait converger les deux bords d'une route jusqu'à l'horizon. Un postiche en somme, mais rien n’est plus révélateur des critères du beau que les postiches. On ment toujours dans un vrai but. Toutes ces choses si belles que nous les puissions choisir seront défectueuses et moins agréables si elles ne sont pas placées avec symétrie et bonne correspondance, car Nature l’observe aussi dans ses formes si parfaites , les arbres élargissent ou montent leurs branches de pareille proportion, leurs feuilles ont les côtés semblables, et leurs fleurs ordonnées d’une ou de plusieurs pièces, ont si bonne convenance que nous ne pouvons mieux faire que tâcher d’en suivre cette grande maîtresse en ceci comme aux autres particularités que nous avons touchées. [8] C’est le prolongement
de l’axe médian du bâtiment jusqu’à l’horizon qui a organisé toute
la symétrie des jardins baroques et cette symétrie se justifiait
selon Boyceau par l’imitation de la nature elle se justifiait aussi
par le rôle de l’optique et des lunettes qui scrutaient l’univers en
concentrant le champ de vision sur u point très éloigné. [...]si l'espace vide où il se trouve était garni d'arbres (surtout de beaux ifs et de houx pour former un fourré) tout ce qui subsiste du bâtiment apparaîtrait entre deux amoncellements de végétation, et constituerait l'un des objets les plus agréables qu'un peintre de paysages puisse concevoir. [9] C'est ici que pour la
première fois la relation du paysage à l'architecture s'inverse.
Vanbrugh voit dans le parc un bâtiment qu'il juge digne d'être
aperçu depuis le château. Il ne tire aucune allée en forme d'axe
pour mener jusqu'à lui et il le laisse dans la globalité du paysage.
Ce n'est plus le château qui dicte sa loi au paysage en lui imposant
un axe central qui le traverse jusqu'à l'horizon et des axes
secondaires qui guident les regards vers des points importants.
C'est le paysage qui s'affranchit du château en lui demandant de le
considérer dans son être propre. Le jardin est devenu le lieu où la
campagne environnante se constitue en paysage avec son histoire (les
ruines du manoir) et sa configuration parfois remodelée certes, mais
dans le sens de ses propres caractéristiques et non dans le sens
d'une géométrisation architecturée. Sure, if ever any Such thing as erecting Monuments in open places was right, it wou'd be so in this case[13] Quand il eut terminé Castle Howard, il se félicita d'avoir fait naître un bel enfant dans un paysage buissonneux, marécageux et couvert de bruyères (bringing "a fine child into the World, out of Bushes Boggs, and Bryars").
[14]
.
[1] John Dixar Hunt, The Genesis of the place, Cambridge, MIT Press, 1990 et Michel Baridon Les jardins. Paysagistes, jardiniers, poètes, Paris, Robert Laffond, 1998 [2] Alberti , L'Architecture et art de bien bastir (traduction J. Martin), 1568, p. 187 [3] Boyceau, Traité, livre III, chapitre IV, p. 72. [4] Boyceau, Traité, op. cit., livre III, chapitre III, p. 71. [5] Andé Mollet, Le Jardin de plaisir, chapitre XI, p. 1-2 [6] J. Thuillier, Vouet, 1990, RMN, p.13-14 [7] S. Castelluccio, ‘Le Nôtre, jardinier collectionneur’, L’Objet d’art, N° 349, juillet-aout 2000, p. 42-58. [8] Ibid., livre II, chapitre 1, p.69. [9] Bonamy Dobree et Geoffrey Webb, The Works of Sir John Vanbrugh, Londres, The Nonesuch press, 1927, vol. IV, p. 29-30. Je cite dans ma traduction. Le texte de la lettre se trouve en entier dans J.D. Hunt et P. Willis, The Genius of the Place. [10] Dobree and Webb, The works, op. cit., p. 14 et 15 [11] op. cit., IV, p. 25 [12] Ibid., p. 148 [13] Ibid., p. 147 [14] Ibid., p. 136. |
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Voulez vous, mesdames et messieurs les élus, que le château d'Epanvilliers devient Éolvilliers et un lieu de la culture populaire Française?
Litterature et liens
Hans Rudolph Heyer, "Historische Gärten der Schweiz"
Peinture:
Paulus Bril, premier compositeur du paysage dans la peinture (voir Yvonne Thierry, Lefebvre et Gillet, Eds. d'Art (1986) et précurseur de Poussin et de Claude le Lorrain.
La longue vue est crée par de repoussoirs (des masses sur les deux cotés dans une peinture) et ne pas encore par des horizons tirés vers le bas du tableau comme chez les tonalistes hollandaises du 17ième sciècle.
L'art baroque du jardin à la Française
http://www.uqtr.ca/AE/Vol_6/Manon/bari.html
Michel Baridon, professeur émerite, Université de Bourgogne. Ses principaux axes de recherche sont la représentation de la nature, la relation Image/langage, l’épistémologie et l’«histoire de la critique en Angleterre et en France de 1500 à 1900». A notamment publié Les jardins: paysagistes, jardiniers, poètes, Paris, Robert Laffont (1998), Gibbon et le Mythe de Rome, Paris, Champion (1977) et Le gothique des Lumières, Paris, Monfort (1991).
Canadian Aesthetics Journal / Revue canadienne d'esthétique
Volume 6 Fall/Automne 2001, "Naissance du jardin paysager et construction de l'espace", Michel Baridon (2001)
Le château de Versailles avec son allé coté ville et ses longue vues coté jardin, et bien sur aussi Balleroy avec son charmant hammeau sont des modèles illustres pour ce qui est développé par H-R Heyer!
---------------------- Alberti -------------------------
Alberti:
Leon Battista Alberti Architecture et art de bien bastir 1568
Most complete but not available as e-book:
Unicité du regard et pluralité des voix: essai de lecture de Leon Battista Alberti
By Nella Bianchi Bensimon
-------------------
Architectural Theory: From the Renaissance to the Present : 89 Essays on 117 ...
edited by Bernd Evers
with references to Leon Battista Alberti
A History of the Gardens of Versailles
By Michel Baridon
with references to Leon Battista Alberti
Canadian book auction:
Alberti, Leon Battista de bien bastir. 1568
Trans. Jean Martin (died 1534), Paris 1547 of Vitruvius to Vignola
------------------------ end Alberti ----------------------
------------------------- Boyceau ----------------------
Jacques Boyceau de la Baraudière
Jacques Boyceau de La Barauderie (Saint-Jean-d'Angély, vers 1560 - 1635) fut intendant des jardins du roi Henri IV, de la reine Marie de Médicis, puis du roi Louis XIII. Il eut notamment pour tâche de diriger la plantation du jardin de l'hôtel du Luxembourg, puis de redessiner les parterres du jardin du Louvre, du Tuileries et du Château-Neuf de Saint-Germain-en-Laye.
Jacques Boyceau de la Baraudière's Traité du jardinage selon les raisons de la nature et de l'art, published in Paris in 1638
google.fr boyceau traité du jardinage
Traite du Jardinage Jacques Boyceau de la Baraudière MDCCVII
----> Boyceau_Traite_du_Jardinage.pdf
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k85648g.image.f4.langFR
http://www.metmuseum.org/toah/works-of-art/26.104.2
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Boyceau
De la composition des Paysages sur le terrain, ou des moyens d'embellir la ...
Par René Louis marquis de Girardin
Basé sur Jacques Boyceau de la Baraudière
De la composition des Paysages sur le terrain, ou des moyens d'embellir la ...
Par René Louis marquis de Girardin
By Alexandre J. B. Le Blond 1722
References to Boyceau
La theorie et la pratique du jardinage, où l'on traite a fond des beaux ...
By Alexandre J. B. Le Blond 1722
-----> De_la_composition_des_Paysages_sur_le_te.pdf